mardi 30 août 2011

Délicieusement salé

La baie du Mont Saint Michel, c'est aussi la plus grande étendue de prés salés en Europe. Ce n'est donc pas surprenant que les agneaux qui y sont élevés soient les plus connus des « agneaux de prés salés ».

Pourtant, la surface disponible (4000 ha) n'est pas extensible à souhait (elle a même tendance à réduire). La production de ce type de viande est donc très limitée : difficile à trouver, chère (sans toutefois tomber dans l'excès de certaines viandes bovines), c'est sur place qu'on a le plus de chance d'en trouver sans se ruiner.

Non, je ne me suis pas allé jusqu'à me servir directement dans les prés en question. Mais pour une fois que j'étais sur place, que les commerces étaient ouverts et que j'avais une glacière à ma disposition, j'ai cherché une boucherie proposant ce met de choix. Je ne saurais dire si elles sont rares car j’ai fait mouche dès ma première tentative Pontorson. La boucherie charcuterie disposait d'un petit mètre d'étalage uniquement dédié à cette production très locale.

J’ai opté pour de la poitrine, qui a le double avantage d’avoir un prix modéré et de donner un très bon résultat au four. Et pour accompagner cette viande exceptionnelle, quoi de plus naturelle qu'une plante des prés salés...

Poitrine d'agneau grillée et fagots de salicorne dans leur pré salé

Ingrédients (pour 4) :

  • 800g de poitrine d'agneau de pré salé
  • 500g de salicorne fraichement cueillie
  • 20g de beurre
  • Huile d'olive
  • 20cl de bouillon de légumes
  • 5cl de crème fraiche
  • 1 cuillère à café de poudre d'agar-agar
  • 2 cuillères à soupe de graines encore vertes de criste marine
  • Sel et poivre

Préparation :

  • Après avoir bien lavé la salicorne, la plonger une petite minute dans l'eau bouillante puis dans de l'eau glacée pour stopper la cuisson
  • Sélectionner les plus beaux morceaux (la moitié en quantité) pour les regrouper en fagots
  • Les placer droits dans des petites tasses (4 ou 8 selon leur taille)
  • Amener le bouillon à ébullition et y ajouter l'agar-agar et la crème fraiche
  • Cuire le liquide pendant quelques minutes avant de le verser dans les tasses aux 3/4 de la hauteur
  • Réserver les tasses au frais, le temps que la gelée prenne
  • Pendant ce temps, huiler, saler généreusement la poitrine et la parsemer de graines de criste marine
  • La faire dorer au fond d'un faitout dans un peu de beurre et d'huile
  • Enfourner le tout pour une vingtaine de minutes à 180°C en arrosant régulièrement la viande avec son jus
  • Juste avant de servir, réchauffer le reste de la salicorne dans un peu de jus de cuisson de la poitrine
  • En faire un lit dans les assiettes, y ajouter un morceau de poitrine (coupée le long des côtes) et les fagots préalablement démoulés

Note 1 : Pour faciliter le démoulage des fagots, retourner les tasses et longer le bord avec une aiguille.

Note 2 : Attention avec le sel. Celui utilisé pour assaisonner l'agneau et celui contenu naturellement dans la salicorne suffisent amplement. Le beurre, en particulier, doit être du beurre doux.

Au final, cette viande était excellente et la salicorne l'accompagnait à merveille. L'agneau de prés salés a un goût réellement différent, mais différent ne veut pas dire meilleur...

dimanche 28 août 2011

Quadrilatère grec

C’est décidément trop difficile de revenir de vacances !

Profitant des mes deux derniers jours de répit, comme pris par une envie de retarder au maximum mon retour au travail, j’ai fait un crochet dans l’ouest dans le coin de la baie du Mont Saint Michel.

Une des raisons pour lesquelles j’apprécie tout particulièrement le littoral, c’est que c’est toujours vert et que quelle que soit la saison, il y a toujours quelque chose à voir ou à cueillir.

Fenouil (foeniculum vulgare), bette maritime (betta vulgaris, sous-espèce maritima), diplotaxe à feuilles étroites (diplotaxis tenuifolia), criste marine (crithmum maritimum) sont les grands habitué de la côte. Mais cette fois-ci, c’est la première fois que je trouve de la tétragone (tetragonia tetragonioides) en grande quantité.

Originaire de la zone Pacific (Nouvelle Zélande, Australie, Japon), mais cultivée un peu partout dans le monde, elle s’est naturalisée en Europe. On me rappelait d’ailleurs récemment que ma grand-mère en avait dans son potager, mais je n’en ai pour autant jamais vu de sauvage dans la Drôme. Il semble en effet que ce soit sur le littoral que la plante trouve l’environnement qui lui est le plus favorable.

Ses feuilles sont assez charnues et la face inférieure semble recouverte de milliers de microgouttelettes. Crues, elles sont à la fois croquantes, tendres et juteuses : de quoi faire de bonnes salades. Cuites, elles gardent une bonne tenue et ont un goût proche de l’épinard.

Une autre raison pour lesquelles j’apprécie le littoral, c’est la pêche à pieds. Chaque fois que l’occasion et que les conditions favorables se présentent, je m’y adonne.

Coefficient de l’ordre de 70 (pas énorme mais suffisant), temps couvert avec de nombreuses éclaircies, zone autorisée à la pèche, bottes et seau dans le coffre : toutes les conditions sont réunies. Quinze minutes de marche dans les sables vaseux suffisent pour s’avancer dans l’estran jusqu’au lieu semblant le plus approprié. Il faut dire que ma grande expérience de cette activité m’a permis d’acquérir la meilleure technique pour trouver immédiatement les meilleurs coins : cibler une zone ou plusieurs personnes sont déjà à l’œuvre.

Encore une fois, cette technique a fonctionné : tournant un peu en rond sans succès à la recherche d’un jet d’eau trahissant la présence d’une première palourde (ruditapes decussatus), je décide finalement de commencer à un endroit où le sable était plus meuble. Quelques coups de mon petit râteau à 3 dents (ça sert à tout les outils de jardinage) et je tombe immédiatement sur deux spécimens de belle taille.

30 minutes plus tard, ayant bougé au grand maximum de quatre ou cinq mètres, mon seau contenait largement les 3 kilos maximum que la réglementation d’Ille et Vilaine m’autorise à prélever : quelques minutes plus tard, les plus petites palourdes (pourtant au dessus de la maille) avaient retrouvé leur liberté.

Des pèches comme ça, j’en veux tous les jours !

Tétragone aux palourdes
ou palourdes tirées aux 4 épingles

Ingrédients (pour 4) :

  • 4 douzaines de palourdes (dégorgées)
  • 250g de tétragone
  • 2 « plumeaux » de fenouil
  • 3 belles branches de criste marine
  • 1 belle gousse d’ail
  • 25g+25g de beurre
  • 25g de farine
  • 20cl de lait

Préparation :

  • Faire chauffer un fond d’eau dans une sauteuse
  • Y verser les palourdes et les cuire à feu vif jusqu’à ce qu’elles s’ouvrent
  • Récupérer, filtrer le jus et réserver
  • Prélever les chairs et réserver
  • Faire fondre 25g de beurre dans une casserole
  • Ajouter la farine et la cuire pour obtenir un roux blanc
  • Retirer du feu et verser 20cl du jus des palourdes (ne pas jeter le reste) tout en fouettant vigoureusement
  • Remettre sur le feu et ajouter le lait
  • Continuant de fouetter jusqu’à obtenir une sauce lisse et crémeuse
  • Faire fondre les 25g de beurre restant dans une sauteuse
  • Y cuire la tétragone (mettre de côté quelques belles feuilles) en la remuant régulièrement et en la mouillant modérément avec un peu du jus des palourdes
  • En fin de cuisson, ajouter l’ail, le fenouil et la criste, tous trois hachés finement, ainsi que les palourdes
  • Dresser en plaçant ce mélange des les assiettes, y ajouter les quelques feuilles fraiches de tétragone restante, puis verser un peu de sauce

jeudi 25 août 2011

Rouge

Il était tôt ce matin quand le réveil a sonné. J’avais décidé de profiter au maximum de cette dernière journée passée dans le Diois avant mon retour aux dures réalités de la région parisienne.

Départ direction les plateaux du Vercors pour une balade « à la fraiche » avec une aube dont la couleur est anonciatrice...

A cette heure, il n’y a pas grand monde sur les chemins. C’est plutôt préférable car ceux-ci sont bordés d’un trésor d’une belle couleur rouge, mais dont la quantité disponible est inversement proportionnelle à la fréquentation des lieux.

Il ne s’agit pas du sureau de montagne (sambucus racemosa), que j’aurais d’ailleurs pu aussi cueillir. Celui-ci, comme le sureau noir, est émétique (il fait vomir) et purgatif lorsqu’il est cru mais comestible cuit (avec un gout nettement plus acidulé, moins agréable).

Il ne s’agit pas non plus du chèvrefeuille des alpes (lonicera alpigena), dont les baies rouge-translucide aux faux-airs de cerise pourraient prêter à confusion. Mais ces baies-la sont toxiques.

C’aurait pu être les raisins d’ours (arctostaphylos uva-ursi), mais la chair blanche de ceux-ci, totalement insipide et farineuse ne vaut pas l’effort de la cueillette.

Ce n’est certainement pas le daphné bois-gentil (daphne mezereum) qui malgré son nom est extrêmement toxique.

Ce n’est pas non plus le sorbier des oiseleurs (sorbus aucuparia), qui n’est pas encore assez mûr pour être récolté. D’un autre côté, ayant déjà testé la confiture de sorbier avec son goût très « médicamenteux », je ne suis pas certain que je recommencerai.

Le trésor dont il est question, ce sont les framboises (rubus idaeus). Parfumées à souhait, il est difficile de se retenir et de ne pas toutes les dévorer sur place.

J’ai quand-même réussi à en préserver suffisamment pour les essayer dans un clafoutis. Bien que le résultat ne soit pas visuellement satisfaisant, c’est une autre histoire en bouche !

Clafoutis aux framboises sauvages

Ingrédient :

  • 500g de framboises
  • 100g de sucre
  • 100g+20g de farine
  • 4 œufs
  • 50cl de lait
  • 20g de beurre

Préparation :

  • Mélanger 100g de farine avec 100g de sucre, puis les œufs jusqu’à disparition des grumeaux
  • Ajouter ensuite le lait tout en remuant pour obtenir un appareil bien lisse
  • Beurrer un plat à tarte assez profond y verser le reste de la farine pour le chemiser
  • Répartir les framboises au fond du plat
  • Les couvrir avec la pâte liquide
  • Enfourner pour 30 minutes à 200°C

lundi 22 août 2011

En attendant l'heure de la baignade

Qu'il fait chaud dehors sous le soleil, trop chaud même pour aller se baigner dans la rivière. Mieux vaut rester au frais dans les vieilles pierres de la maison de village et patienter jusqu'à la fin d'après-midi, que le soleil se soit assagi.

Les plus jeunes trépignent et s'impatientent. Alors pour faire passer le temps, pourquoi ne pas se lancer dans un peu de cuisine et préparer le dessert du soir. Le mélilot gentiment cueilli par Marie-Christine il y a quelques jours est maintenant sec. Il répand autour de lui une douche fragrance vanillée : et si on faisait une ...

Crème renversée au mélilot

Tout d'abord, il faut préparer les ingrédients :

  • 200g de sucre
  • 3 oeufs
  • 50cl de lait
  • une poignée de mélilot séché
Ensuite, on passe à l'action (recette illustré par Axel, 6 ans) :
On commence par verser 100g de sucre dans une casserole
On ajoute ensuite quelques goutes d'eau (très peu)
Puis on met sur le feu jusqu'à obtenir un caramel doré (qu'on peu ensuite détendre en ajoutant un peu d'eau tout en remuant à chaud, mais hors du feu)
Ensuite, on nappe le fond et les bords de 4 grands ramequins avec ce caramel et on les met de côté
On casse 3 oeufs dans un grand bol
On les bat en omelette puis on les met de côté eux aussi
On verse 100g de sucre dans une casserole avec 1/2 litre de lait et on les porte à ébullition
On coupe le feu immédiatement (attention à ce que le lait ne déborde pas) et on y plonge le mélilot pour le faire infuser à couvert pendant 10 minutes
Une fois le mélilot infusé, on filtre, on reverse le lait dans la casserole et on le porte à nouveau à ébullition
On coupe le feu immédiatement et on le verse dans l'omelette petit à petit tout en fouettant le mélange pour éviter que le lait ne cuise l'oeuf
On verse ensuite l'appareil dans les 4 ramequins
Puis on les enfourne à 140°C en les plaçant dans une lèchefrite remplie à moitié d'eau, et on attend 50 minutes
Une fois cuites, on laisse refroidir les crèmes renversées et on les place au réfrigérateur pour 2 heures minimum

On peut les déguster directement dans les ramequins, ou mieux, en les démoulant (passer une aiguille à tricoter ou un couteau très fin le long des bords). Le caramel fondu formera alors un délicieux nappage liquide.

Note :
Le mélilot officinal (melilotus officinalis) et le mélilot blanc (melilotus album) sont deux plantes très fréquentes de la fin du printemps jusqu'au milieu de l'été. Le premier a des fleurs jaunes alors que celles du second sont blanches. Fraiches, ces plantes sont légèrement parfumées, mais séchées, elles révèlent un délicieux parfum vanillé. Pour profiter pleinement de la plante, il faut en cueillir les sommités munies d'inflorescences non fanées en évitant de prendre trop de feuilles avec, car celles-ci, bien qu'également parfumées, apportent aussi une légère amertume.

Une précaution à prendre avec le mélilot : éviter de le laisser pourrir (il deviendrait alors toxique). Et le meilleur moyen pour ne prendre aucun risque, c'est de bien le sécher et de le consommer rapidement !

lundi 15 août 2011

On prend les mêmes et on recommence

Depuis quelques années, c'était presque devenu une tradition estivale : les ravioles aux plantes sauvages (voir [ici]). Faites de manière totalement manuelle (la seule étape mécanisée était la préparation des feuilles de pâte au laminoir), leur confection prenait une bonne demi-journée aux deux ou trois paires de mains qui voulaient bien se prêter à l'exercice. Il faut dire qu'en général, période de vacances oblige, il y a beaucoup de bouches à nourrir et que c'est en centaines qu'il faut compter les ravioles.

 

Mais cette année, est-ce par flemme, par manque de temps ou que sais-je encore ? Toujours est-il que nous avons un peu changé ces habitudes établies ; mais les ingrédients, eux, sont toujours les mêmes. On aurait d'ailleurs tort de ne pas profiter de l'amaranthe réfléchie (amaranthus retroflexus), du chénopode blanc (chenopodium album) et de la mauve sylvestre (malva sylvestris) car avec toute l'eau tombée en juillet, ces « épinards sauvages » ont de magnifiques feuilles bien vertes et bien grasses.

 

Quelques orties n'auraient pas été de trop, mais elles sont rares ici : le terrain, calcaire et très pauvre (idéal pour les vignes), ne se prête guère à leur expansion.

 

Donc, si les ingrédients n'ont pas changé et que les convives sont toujours (ou presque) les mêmes habitués, c'est bien du côté de la recette que quelque chose a évolué. Par une simplification extrème, les ravioles se sont ainsi transformées en lasagnes, ôtant la majeure partie du travail de façonnage... tout en conservant les délicieuses saveurs mêlées des herbes, du fromage de chèvre et de la pâte.

 

Lasagnes aux herbes sauvages

Ingrédients (pour un petit plat à gratin) :

  • Un grand saladier (voire plus) de feuilles de chénopode blanc, amaranthe réfléchie, mauve sylvestre à aménager selon la disponibilité sur place, la région et la saison
  • 2 oeufs
  • Pâte sèche en plaques pour lasagnes (ou encore mieux, en feuilles fraiches)
  • Un fromage de chèvre mi-sec (type picodon)
  • 50g d'emmental râpé
  • 20cl de crème fraiche liquide
  • Sel et poivre

Préparation :

  • Blanchir les feuilles 3 minutes (les plonger dans l'eau bouillante salée puis stopper la cuisson en les plongeant dans de l'eau glacée)
  • Les égoutter, puis les presser modérément pour en évacuer le surplus d'eau (en garder un peu car il faudra nourrir la pâte des lasagnes lors de la cuisson)
  • Passer ensuite les feuilles ainsi que les oeufs et le picodon au hachoir électrique, saler et poivrer
  • Badigeonner le plat à gratin avec de l'huile d'olive
  • Commencer ensuite par étaler une fine couche d'herbes avec un peu de crème
  • Continuer avec une couche de pâte
  • Poursuivre avec les herbes et la crème, et ainsi de suite pour finir avec une couche d'herbe et de crème
  • Répartir le fromage râpé sur le tout et enfourner à 180°C pour 30 minutes

 

Note : Cette recette peut également être faite avec des pâtes fraiches (elle n'en sera que meilleure). Dans ce cas, on mélange farine et oeuf (1 oeuf pour 100g de farine) avec un peu de sel et on laisse reposer cette pâte au moins une heure avant de la travailler au laminoir.

mercredi 10 août 2011

Vitaminé

Mauve sylvestre, amaranthe réfléchie, petit calament, laitue vivace, laitue scariole, laiteron, mélilot, menthe à feuilles longues, prunelles, aubépine, alisier, pommier, chicorée, ail, pourpier, chénopode blanc, serpolet, lavande, mélisse, carotte, panais, ronce, salsifis, sedum et pimprenelle sont quelques-une des plantes sauvages comestibles que nous avons pu découvrir hier au cours de la balade découverte pour laquelle j'avais enfilé ma tenue de guide (le chapeau fait partie de la panoplie).

Je ne suis pas encore un grand habitué de ce genre de sortie, mais je me rend compte qu'avec tout ce qu'il y a à voir (sans même parler des plantes toxiques ou simplement des fleurs remarquables), il est malheureusement difficile de trouver suffisamment de temps pour effectuer une vrai récolte et bien que cette balade ait été très agréable, il y avait une certaine frustration à revenir avec une musette presque vide.

 

J'avais en tête un coin repéré la semaine dernière à l'occasion d'une baignade en rivière. Sur une vingtaine de mètres, la rive était bordée d'un alignement d'une vingtaine de beaux argousiers (hippophae rhamnoides) couverts de fruits. Étonnamment, les fruits étaient déjà mûrs et bien juteux (habituellement, c'est à partir de septembre). Je m'étais alors dit qu'il faudrait que je revienne à cet endroit avec autre chose qu'un maillot et une serviette de bain. C'était donc l'occasion d'y retourner.

 

Il faut dire que l'argouse se mérite, car elle pousse sur un arbre qui sait se défendre avec ses épines placées stratégiquement au bout de ses nombreuses branches. Mes mains se souviennent encore de la première fois où j'avais eu l'idée de cueillir ces petites baies oranges, une à une, comme on le ferait avec des framboises. Mais alors que les framboises se décrochent toutes seules lorsqu'elles sont mûres, les argouses ont une fâcheuse tendance à vouloir rester accrochées à leur branche, histoire de vous compliquer encore plus les choses.

Un avantage toutefois à ce fruit peu connu : son extrème acidité. Oui oui, c'est un avantage car contrairement aux framboises ou aux mûres, elle évite qu'une partir non négligeable de la récolte ne finisse immédiatement au fond de l'estomac des « glaneurs gourmands ».

Pour faciliter la récolte, ce sont donc des branches entières qu'on embarque, si possible uniquement les parties terminales les plus chargées en fruits pour ne pas trop amputer les arbustes. Les nombreuses baies dont elles sont couvertes seront égrainée plus tard, à la fourchette, au moment de les préparer.

 

On entend souvent dire de tel ou tel fruit qu'il est riche en vitamine C, mais que dire alors de l'argouse qui en contient 30 fois plus ! C'est pour cette raison que les presque 2 kilo de baies cueillies hier m'ont servi à faire un sirop sans aucune cuisson et donc permettant de préserver au maximum toutes les vitamines et les saveurs du fruit. Et le résultat vaut largement la meilleure des orangeades !

Sirop survitaminé d'argouses

Ingrédients :

  • Argouses fraiches
  • Sucre

Préparation :

  • Placer les argouses dans un récipient émaillé ou en plastique (éviter les surfaces métalliques qui altéreraient le goût du sirop à cause de l'acidité des fruits)
  • Eclater les baies à l'aide d'un presse-purée ou plus pratique, en utilisant un mixeur plongeant
  • Filtrer et récupérer le jus
  • Le peser et y verser 1kg de sucre pour 900g de jus
  • Mélanger avec une une cuillère en bois (éviter les ustensiles métalliques pour la même raison que précédemment) en formant des 8 (créer des turbulences dans le liquide pour faciliter la dissolution du sucre)
  • Embouteiller lorsque le sucre est totalement dissout
  • Conserver au réfrigérateur maximum 1 mois (l'acidité, le sucre et la vitamine C sont de bon conservateurs)

vendredi 5 août 2011

Dernière minute !

Mardi matin (le 09/08/2011), c'est à dire dans pas longtemps, je serai le guide d'une balade découverte autour de quelques plantes sauvages comestibles et aromatiques qu'on peut trouver en ce moment dans le Diois. Elle aura lieu de 9h00 à 12h00 sur la commune d'Aurel (Drôme), à ne pas confondre avec son homonyme du Vaucluse.

Pas de cuisine à la clé, mais chacun pourra repartir avec sa propre récolte et quelques conseils de préparation.

Pour vous inscrire et connaitre le point de rendez-vous, envoyez un e-mail à sauvagement.bon@gmail.com en indiquant votre nom et le nombre de personnes.

A prévoir : des chaussures fermées (éviter tongues et sandales), un chapeau, éventuellement un bâton (350m de dénivelé environ), une gourde et bien entendu un sac de toile pour votre récolte.

Tagada

Alors qu'au fond de la vallée de la Drôme, la chaleur estivale est presque assommante, une élévation au delà des 1000 mètres permet de profiter du grand air des plateaux du Vercors.

Non seulement l'air y est rafraichissant, mais il est porteur de nombreuses et agréables fragrances étonnamment fruitées :
Aux quelques notes citronnées provenant d'un tapis de serpolet (thymus serpyllum) particulièrement odorant s'ajoutent les discrètes effluves des premières framboises sauvages (rubus idaeus) arrivant tout juste à maturité. Couronnant le tout, vaporisée par la douce chaleur du soleil de montagne, l'alléchante odeur sucrée des fraises des bois (fragaria vesca) rappelle immédiatement celle d'autres fraises, bien moins naturelles : les tagadas (fragaria synthetica subsp. chimica).

De gauche à droite et du haut vers le bas : serpolet (thymus serpyllum), fraise des bois (fragaria vesca), framboise (rubus idaeus) et myrtilles (vaccinium myrtillus).

On est presque déçu que les myrtilles (vaccinium myrtillus) ne diffusent aucun parfum. Plutôt rares cette année, elles sont bel et bien là, ne demandant qu'à être trouvées.

Côté cueillette : pas de discrimination. Toutes ces baies ont a eu droit à un long et patient ramassage pour pouvoir remplir tant bien que mal ... une unique boite d'environ 1 litre.

C'est avec ce genre d'activité qu'on comprend beaucoup plus facilement à quoi le chasseur-cueilleur de la préhistoire passait tout son temps ! Pourtant, même s'il y consacrait ses journées, il y a peu de chance qu'il ait eu l'occasion de préparer ce type de gâteau ...

Crumble aux baies du Vercors

Ingrédients :

  • 1 litre de baie (fraises des bois, framboises, myrtilles)
  • 100g + 10g de beurre bien froid
  • 100g + 20g de sucre
  • 100g de farine
  • 30g de noisettes en poudre

Préparation :

  • Préchauffer le four à 180°C
  • Préparer la pâte à crumble en mélangeant à la main les 100g de beurre, de sucre, de farine et les 30g de noisette
  • Beurrer le fond d'un plat à gratin avec le beurre restant, puis le saupoudrer avec les 20 derniers grammes de sucre
  • Verser les fruits au fond du plat et les recouvrir en effritant la pâte à crumble (j'utilise les pointes d'une fourchette pour gratter petit à petit la pâte ramassée en boule)
  • Enfourner pour 30 minutes et servir encore tiède (avec une boule de glace à la vanille pour les plus gourmands)

Note: Si vous allez dans le Vercors, prenez soin de ne pas récolter à l'intérieur de la réserve naturelle située grossièrement entre Saint-Agnan à l'ouest, Gresse à l'est, Chatillon-en-Diois au sud et Corrençon au nord. Pour une localisation plus précises, une carte IGN ou un petit tour sur geoportail seront nécessaires car le site web du parc naturel du Vercors manque d'informations sur le sujet.

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