mercredi 18 juin 2014

Fleurs de Normandie

Après une courte pause de deux semaines, le blog reprend un peu d'activité mais reste dans la thématique des fleurs. Cette fois-ci, on change complètement de milieu en faisant un grand-écart géographique : après les montagnes savoyardes, c'est maintenant au tour des côtes normandes.

Comme pour les précédents billets, la recette est à la fin ...

Orchis pyramidal (anacamptis pyramidalis).
Cette orchidée a beau être une des plus communes dans nos contrées, je crois bien que c'est la première année où j'en vois autant. J'ai même l'impression que c'est un phénomène général avec presque toutes nos orchidées. A noter que les tubercules de cet orchis sont comestibles (de mon côté, je n'en récolte aucun : il y a trop d'espèces protégées dans cette famille relativement fragile).

Une autre orchidée : l'orchis bouc (himantoglossum hircinum). J'avais toujours cru que c'était à cause de sa "barbichette" (un très long labelle souvent torsadé) qu'elle s'appelait ainsi. Mais c'est plutôt à cause de la forte odeur des fleurs 

Et non ce n'est pas une orchidée mais une orobanche. Les espèces de ce genre sont très difficiles à distinguer les unes des autres et c'est souvent en observant les végétaux environnants qu'on a la réponse. Les orobanches sont en effet des plantes non chlorophylliennes dont chaque espèce parasite un hôte spécifique (ou tout au plus un groupe réduit d'espèces). La réponse est donc au premier plan de la photo : orobanche du panicaut (orobanche amethystea). A noter que certaines orobanches ont été consommées dans divers pays européens, mais concernant celle-ci...

Avec son allure très typique, pas de doute sur la famille de cette plante : c'est une cousine du coquelicot, c'est à dire une papavéracées. Plus précisément, il s'agit de pavot cornu (glaucium flavum). On le rencontre souvent les pieds dans le sable. Comme pour le pavot somnifère ou le coquelicot, ses graines sont comestibles. Mais la plante renferme des alcaloïdes, il ne faut donc pas en abuser.

Les capitules du chardon penché (carduus nutans) rappellent énormément ceux de l'artichaut. S'ils n'était pas aussi piquants, on pourrait en consommer les cœurs de la même manière ! Mais avec de telles défenses, seuls les insectes peuvent en profiter.

Sur les murets en pierre, les crassulacées jouent des coudes : ombilic (umbilicus rupestris) pour les longs épis, orpin anglais (sedum anglicum) pour les petites fleurs blanc-rose. Les feuilles de ces deux-là sont comestibles, mais à ce stade de développement, elles sont devenue trop amères....

Plein de petites étoiles jaunes sur un tapis de feuilles épaisses et succulentes, c'est encore un orpin : l'orpin âcre (sedum acre). Comestible, son nom ainsi que son surnom de "poivre des murailles" nous disent tout sur son goût.

Belles mais extrêmement toxiques, les digitales pourpres (digitalis purpurea) préfèrent généralement les coins frais et abrités. Celles-ci, presque sur la côte et surtout exposées à tous les vents ne devaient probablement pas  le savoir...

L'iris fétide (iris foetidissima) lui aussi fréquente généralement les endroits frais et plutôt humides.
Et pourquoi "fétide" ? La fleur elle-même n'est pas particulièrement odorante, mais la plante, lorsqu'elle est coupée ou simplement manipulée dégage une odeur désagréable. Sans même parler de toxicité, on comprend donc pourquoi cet iris n'est pas comestible...

Autres plantes décoratives qu'on trouve parfois à l'état sauvage (j'en vois de temps en temps en Normandie et en Bretagne) : les hémérocalles (ici hemerocallis fulva). Littéralement, leur nom signifie "beauté d'un jour", car malheureusement, ces belles fleurs sont très éphémères, mais elles compensent par le nombre... Et puis chose intéressante : les racines, les jeunes pousses ainsi que les fleurs de ce "lis" sont tout à fait comestibles aussi bien crues que cuites.

Fleurs d'hémérocalle farcies


Avec leur goût sucré, légèrement piquant et une texture croquante,
les fleurs d'hémérocalles sont délicieuses. Et en plus, elles
sont splendides !
Ingrédients :
  • Fleurs d'hémérocalle bien ouvertes
  • Ricotta
  • Mascarpone
  • Crevettes décortiquées et hachées (de mon côté, j'ai utilisé des petites crevettes grises)
  • Poivron vert "corne de bœuf", débité en très fines lamelles
  • Jus de citron vert
  • Coriandre
  • Feuilles de fenouil
  • Ciboulette
  • Sel
Préparation :
  • Mélanger un volume identique de ricotta, de mascarpone, de crevettes et de poivron
  • Incorporer aussi un peu de jus de citron ainsi que quelques brins de coriandre, de fenouil et de ciboulette finement hachés
  • Placer le mélange dans une poche à douille pour farcir les fleurs
  • Servir rapidement 
Une fleur farcie, c'est juste une ou deux bouchées : c'est donc idéal pour un apéritif !

3 commentaires:

  1. Je n'ai pas encore bien regardé tes fleurs de Savoie.
    De belles photos ici et j'ai beaucoup les orpins et les ombilics avec la roche, les couleurs subtiles, je ne sais pourquoi cela m'évoque la montagne corse.
    il faut que je te parle de mon projet pour l'année scolaire 2014-15
    Je travaille le français avec des femmes non scolarisées, en maison de quartier à Romans. Nous allons travailler sur les plantes : comestibles, médicinales, etc. Visites de jardin bio, maraichers, botaniques, aromatiques....et j'aimerais qu'un expert glaneur ( suivez mon regard...) puisse un jour nous emmener balader...Si tu as des idées sur les balades et visites locales ou intervenants bénévoles....je suis preneuse !
    Bel été à toi !
    Je part 8 jours en Finistère...sur les dunes et rochers du pays de Léon, j'ouvrirai l'oeil sur la nature entre mer et terre

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  2. Merci pour ce petit voyage floral en Normandie ainsi que pour cette recette que je vais sans tarder essayer.

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