mercredi 30 mars 2016

菜の花 (nanohana)

En japonais, nanohana pourrait plus ou moins être traduit littéralement par "fleur de légume", mais ce nom désigne plus particulièrement les jeunes inflorescences du colza. Un sujet tout à fait de saison car avec le rose des cerisiers, le jaune de ces fleurs est l'autre couleur du printemps au pays du soleil levant.

Comme presque toutes les plantes printanières de cette année, le colza (brassica napus) est précoce, et nombreux sont les plants déjà en fleurs. Avec leurs 4 pétales en croix, celles-ci sont caractéristiques de la famille des brassicacées. Elles ressemblent d'ailleurs comme deux gouttes d'eau à celles de ses cousines les moutardes, également du genre brassica (note : brassica = choux).

Lorsqu'on est habitué, la seule silhouette du colza permet de le distinguer des moutardes. Mais pour les débutants, c'est souvent plus délicat. Alors voici quelques trucs :
1 : Les feuilles du colza ont une couleur plus claire et sont souvent pruineuses, leur donnant parfois un aspect presque argenté. 2 : Tiges et feuilles sont glabres (sans poils). 3 : Les feuilles du haut de la plante sont dépourvues de pétiole (tige) et ont tendance à embrasser la tige en laissant passer une pointe chaque côté (on le voit bien sur la photo)
Mais qu'il s'agisse de moutarde ou de colza, les deux sont comestibles.
Mais attention, chez nous, le colza est principalement cultivé pour la production d'huile et de biocarburant et c'est aussi une des cultures les plus traitées en termes de produits phytosanitaires, avec tous les risques que cela induit au niveau de la consommation.
Heureusement, c'est aussi une plante qui se dissémine assez facilement. Il n'est donc pas inhabituel de voir surgir quelques plants le long des routes et surtout, pour ceux qui m'intéressent, de chemins. C'est lorsque ces derniers sont suffisamment éloignés des pollutions routières et agricoles que je m'y intéresse vraiment.

Voici l'exemple de la parfaite tige de colza à cueillir en ce moment : belles feuilles, tige charnue, inflorescence fournie et encore en boutons. Il suffit de couper la tige là ou elle se casse net sans laisser apparaître de fibres lorsqu'on la tord.

"C'est bien beau tout ça, mais on en fait quoi ?" me demanderez-vous...
Et bien voici une idée de préparation dans un style tout à fait japonais : simple et mettant en valeur le légume, dans lequel on retrouve un peu de la saveur des choux, teintée d'une légère amertume.


Nanohana en salade avec effiloché de volaille


Ingrédients (entrée pour 4) :
  • Une douzaines de hauts de tiges de colza encore en boutons (les 20 derniers centimètres)
  • 250g de viande de volaille cuite et effilochée (de mon côté, j'ai utilisé les restes récupérés sur la carcasse d'un poulet rôti)
  • 4 cuillères à soupe de jus de citron
  • 4 cuillères à soupe de mirin (alcool de riz sucré)
  • 2 cuillères à soupe de sauce soja
  • 1 cuillère à soupe de sucre
  • 1 cuillère à café de wasabi en poudre
  • 2 cuillère à soupe de graines de sésame blanc
Préparation :
  • Séparer les têtes (inflorescences) du reste des tiges de colza
  • Plonger les tiges dans de l'eau bouillante salée
  • Laisser cuire 2 minutes à feu doux, puis ajouter les inflorescences et cuire encore le tout pendant 1 petite minute (plus fragiles, les inflorescences doivent cuire moins longtemps)
  • Égoutter immédiatement et plonger dans de l'eau glacée afin de stopper la cuisson et garder un beau vert
  • Dans un bol, préparer la sauce en mélangeant le jus de citron, le mirin, la sauce soja, le sucre et le wasabi
  • Retirer le colza de l'eau glacée, bien l'égoutter, découper les tiges en petits segment et mélanger le tout avec la sauce, la volaille effilochée et les graines de sésame

Il n'y à plus qu'à déguster !

Petite précaution avec la plupart des plantes sauvages de la famille (moutarde, colza, passerage, etc.) : lorsque consommées en trop grandes quantités (variable selon les individus), elles peuvent devenir irritantes lors de leur digestion.

jeudi 17 mars 2016

Bretagne Sud, Bretagne Nord

Avec les grandes marées de mars, c'était l'occasion de faire un tour en Bretagne. Mais entre le nord et le sud, mon cœur balançait... Incapable de choisir, j'ai combiné les deux...

J'ai donc commencé par le sud : rando autour du golf du Morbihan et pêche aux pouce-pieds étaient au programme...

Baie du Lindin.
Ici, les sentiers serpentent tellement autour des anses, étangs et autres bras de mer qu'il est impossible à un moment ou un autre de ne pas tomber une étendue d'eau. Même à marée basse, le chemin le plus court entre deux points n'est pas la ligne droite !

A proximité de Port Neze.

Ça donne le temps d'admirer les magnifiques paysages...

Mais la marée descend et il est temps de changer de lieu pour rejoindre l'océan et le coin où je pourrai trouver des pouce-pieds. Arrivé un peu trop tôt sur place, cela me laisse l'occasion d'observer de nombreux oiseaux... que je ne me lasse de photographier.


Le bécasseau sanderling (calidris alba), fouillant le sable avec son grand bec, à la recherche de vers marins.

Le héron cendré (ardea cinerea), immobile, attendant on ne sait quel signal pour s'envoler.

Le tournepierre à collier (arenaria interpres), cherchant de petits coquillages et crustacés à picorer...

... comme le pipit maritime (anthus petrosus)

Mais ça y est, c'est l'heure ! Avec les coefficients du jour, les rochers habituellement battus par la houle sont accessibles sans trop de danger (tout est relatif)...

Mais d'autres sont déjà à l'oeuvre... sans doute des professionnels. Pour décrocher les précieux crustacés (dont on devine les bouquets, couvrant presque intégralement la paroi rocheuse), ils utilisent une grande barre métallique au bout biseauté.

Heureusement, il y a de quoi faire, sans même devoir jouer les varappeurs !

Et en plus, les pouce-pieds (pollicipes pollicipes) sont de belle taille... et ma "cueillette" est réalisée en l'espace de 5 minutes, à l'aide d'un simple ciseau à bois.

Une fois décrochés, rien de plus simple pour les cuisiner : il suffit de les plonger 5 minutes dans de l'eau bouillante salée (si possible, de l'eau de mer prélevée sur place). Pas besoin de bouquet garni ou d'autres parfums, le pouce-pied se suffit vraiment à lui-même. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, ce qui se mange, c'est la partie charnue située à l'intérieur du tube. Elle a une texture ferme, juteuse et iodée, rappelant un peu la crevette, mais alors juste un peu...

Après cette journée, direction le nord, dans les Côtes d'Armor.

Nouveau jour, mais programme identique : marche et pêche.
Là encore, l'attente de l'heure H pour la marée est l'occasion de chasser (en photo) le volatile...

Une bergeronnette grise (motacilla alba) qui ne tient pas en place.

Un couple d'oies cendrées (anser anser), dont l'une à l'instinct protecteur se montre agressif dès lors qu'on fait mine de s'approcher (peut-être le mâle ?).

A l'opposé de ce rouge-gorge (erithacus rubecula), curieux et familier au point de s'approcher sans peur à quelques centimètres de mon objectif.

L'heure arrive et comme un seul homme, tous les pêcheurs se ruent sur la plage. Tous ciblent les bancs de sable les plus éloignés dans l'espoir de trouver les plus beaux coquillages.


A la fois brumeuse et baignée de soleil, une ambiance très spéciale se dégage de la plage...

De mon côté, en attendant que l'eau soit au plus bas, je commence par décrocher quelques huîtres creuse (crassostrea gigas) des rochers situés plus haut. Avec tout ce qu'il y a ici, impossible de rentrer bredouille !

De temps en temps, on peut même tomber sur de beaux pétoncles (chlamys varia).
Comme les moules, ils produisent eux aussi des fils de byssus qu'ils utilisent pour s'arrimer à leur support.

Puis l'heure arrive où l'eau se trouve presque au plus bas, l'heure pour moi aussi de me diriger vers les bancs de sables où les coquilles Saint-Jacques attendent.

En chemin, on rencontre de nombreuses bucardes rouges (acanthocardia echinata) dont certaines agitent leur énorme et impressionnant pied. Ces cousines XXL des coques sont elles-aussi comestibles, mais deviennent facilement caoutchouteuses.

Arrivé sur place, le créneau de pêche ne dure qu'une grande demi-heure, mais les coquilles Saint-Jacques (pecten maximus) sont bien là. Seules contraintes à respecter : une taille supérieure à 11 cm, ce qui au final n'est pas si difficile à trouver, et un maximum de 30 spécimens (ce qui pour le coup, est plus difficile à atteindre).

Et voilà, c'est déjà l'heure de rentrer...


La prochaine série de grande marées est pour avril, alors peut-être m'y croiserez-vous sur les plages bretonnes...
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